05/12/2014

Commencement de l'évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu (2ème dimanche de l'avent)



En ce deuxième dimanche de l’avent, en ce début d’année liturgique, nous ouvrons un évangile à la première page et lisons les premières lignes. Nous commençons la lecture.
Comment la commençons-nous ? Sommes-nous prêts à découvrir un nouveau texte ou, pour le moins, des choses que nous n’aurions encore jamais vues ? Est-ce du bien connu que nous lisons comme un devoir, voire un pensum, parce qu’il le faut bien si l’on va à la messe ?
Ouvrons dans le livre, impatients de le découvrir ou heureux de l’ouvrir de nouveau. Nous l’avons tant et tant de fois relu que nous le connaissons presque par cœur, et nous le savourons une encore fois dans sa fraicheur, sa capacité à surprendre, à renouveler.
     Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu.
     Il est écrit dans Isaïe, le prophète :
     Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin.
     Voix de celui qui crie dans le désert :
     Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.
     Alors Jean, celui qui baptisait, parut dans le désert.
     Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés.
Je ne sais pas vous, mais moi, cela m’émeut. C’est si simple ; juste quelques phrases, quelques mots, et déjà tant de choses. Tant de choses, mais rien sur Noël. Si vous aviez besoin d’une preuve de plus que l’avent ne prépare pas à la naissance de Jésus, en voilà une !
Ah bon, mais alors… Alors ? Ecoutons !
Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. C’est un titre, avec des mots importants que pourtant on ne retrouvera guère : cinq fois Christ dans l’évangile de Marc, trois fois Fils de Dieu. L’expression entière elle-même n’existe qu’une seule fois dans toutes les Ecritures, ici. On a quelque chose de rarissime, d’unique. C’est déjà étonnant.
Plus étonnant encore, on ne nous explique rien de tout cela. On passe à autre chose. Il est écrit dans Isaïe, le prophète. On passe à autre chose parce que ce ne sont pas les lignes qui suivent qui expliquent l’expression curieuse et unique, mais l’évangile tout entier. La lecture du texte entier tiendra-t-elle sa promesse de faire comprendre ce que signifie évangile de Jésus Christ Fils de Dieu ? Je ne dis pas qu’il y a là un suspense hitchcockien, mais bon…
Revenons à notre prophète. La liturgie nous a fait entendre dans la première lecture le texte cité par Marc, mal cité, d’ailleurs. Personne ne crie dans le désert. Isaïe n’est pas fou. S’il veut annoncer la bonne nouvelle, un évangile de consolation, ce n’est pas dans le désert qu’il faut crier, mais là où sont rassemblés les accablés à relever. En revanche, dans le désert, il faut préparer la route. On parle d’une faute de traduction, mais Marc n’est pas plus sot que nous. Il sait bien qu’Isaïe ne crie pas la consolation dans le désert ! Peut-être a-t-il peur en revanche que son évangile à lui, celui de Jésus Christ, Fils de Dieu, ne retentisse dans le désert. Un seul, au terme de l’évangile, le centurion au pied de la croix, confessera que Jésus est vraiment le Fils de Dieu. Et nous, serons-nous à l’écoute où laisserons-nous Marc crier dans le désert ?
Isaïe annonce la consolation. Consolez, consolez mon peuple, dit le Seigneur. Comme c’est beau ! Dieu comme le père qui console son petit de toute sa peine et souffrance…
Alors Jean, celui qui baptisait, parut dans le désert. Nouveau saut. On parle d’autre chose. Il est curieux ce Marc. Il ne peut pas se tenir à son sujet ? Qu’a-t-il à passer ainsi du coq à l’âne ? Non, c’est nous l’âne. Il y a un mot qui nous avait déjà arrêtés et qui revient pour attirer notre attention, le désert. Marc ne présente pas Jean. On sait juste qu’il baptisait. Reconnaissez que si vous ne connaissez pas votre caté, c’est un peu court pour présenter un nouveau personnage. Plus curieux encore. Jean parût dans le désert, semble-t-il, au moment où résonne dans ce désert le cri d’Isaïe.
Le temps est télescopé. Jean semble prendre le relai de la main même d’Isaïe, de ses lèvres mêmes. La consolation d’Israël, l’annonce de la venue du Seigneur est de tout temps, d’hier et d’aujourd’hui. La tendre consolation devient réhabilitation, restauration, résurrection des enfants : un baptême de conversion pour le pardon des péchés.
Jean reprend la prophétie là où Isaïe l'avait laissée ; alors le baptême et le pardon sont le nom de la consolation que Dieu offre. Consolez, consolez mon peuple, dit le Seigneur. C'est est fini de notre mal puisque l'Esprit Saint est répandu sur nous, lui « la rémission des péchés », comme l'appelle le symbole des Apôtres.

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