18/03/2016

Aujourd'hui, avec moi, tu seras en paradis (Rameaux)



La passion de Luc est la seule à raconter l’épisode du bon larron. Dans la liturgie lyonnaise, il y a une fête du saint bon larron. Voilà, un pécheur est pardonné, les pécheurs sont donc pardonnables. Il y a une issue.
C’est terrible à imaginer. Que l’on pense aux prêtres pédophiles qui défrayent la chronique. Est-il possible de leur confier une mission une fois leur délit ou leur crime prescrit ou jugé, la peine purgée ? Il conviendrait d’abord de permettre aux victimes d’être véritablement écoutées ? Beaucoup d’entre nous n’ont pas idée de leur souffrance. Par les gestes de l’amour, oh perversion, ils ont été réduits à un objet manipulable, sorte de sex toys. La caresse, qui touche sans saisir, sert à agresser. Les femmes violées savent cela. Au moment où l’on ignore tout de la sexualité, enfant, le ravage est pire encore.
Je plaide cependant pour ma corporation. Pas tant celle des prêtres que celle des pécheurs, même si le pardon est scandaleux. D’autant plus scandaleux que la nouvelle chance n’est pas forcément offerte par la ou les victimes ; elles n’ont pas été souvent sollicitées quand qu’il s’agissait de faire de nouveau confiance au pécheur.
Comment pardonner sans insulter les victimes ? On ne sait rien du crime de ces larrons. Il semble que Jésus n’ait rien demandé à leurs victimes pour déclarer ouvertes à l’un d’eux les portes de la vie.
Le pardon en paradis, n’étant pas vérifiable, ne relevant pas de ce monde, n’insulte peut-être pas les victimes. Pour les pécheurs, l’Eglise ancienne avait prévu une pénitence publique qui ouvrait sur la réintégration. Vous imaginez, comment les rescapés des persécutions pouvaient-ils prier de nouveau avec ceux qui les avaient dénoncés ? Les débats ont été rudes. Certains pensaient même qu’il fallait un nouveau baptême pour les traitres.
Nous lisons dans la passion de Jésus qu’une issue est toujours possible. C’est incroyable tant cela paraît injuste. Pour ne point trop l’être, il faut une authentique démarche de repentance, celle par exemple imposée aux pécheurs publics dans l’Antiquité. Je retourne une citation de Jean-Paul II, en 2002, pour la journée mondiale de la paix. S’il n’y a pas de justice sans pardon, il n’y a pas de paix sans justice.
La miséricorde est notre seul espoir et « Dieu ne veut pas la mort du pécheur mais qu’il se convertisse et qu’il vive. » Issue salutaire pour la corporation des pécheurs. Mais le coupable ne peut exiger le pardon, seulement espérer qu’il pourra vivre encore, vivre au milieu des autres, encore, avec les autres. Seulement supplier, demander pardon aux frères ; à l’opposé du prédateur sexuel qui s’approprie d’autorité, mendier le pardon.

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