26/03/2017

Voter selon l'évangile


Alors qu’approchent les échéances électorales, comment voter conformément à notre foi et à l’évangile ? Y a-t-il un vote chrétien, un candidat des chrétiens ?

1. L’enseignement de l’Eglise ou l’appartenance chrétienne indiqueraient-ils pour qui voter ?
Les peuples qui parlent d’une seule voix, sans qu’une oreille ne dépasse, sont ceux de la tyrannie et de la dictature. La liberté de conscience fait que l’uniformité est le contraire de l’unité. Pour être unis voire unanimes, il faut être différents. Les différences dans l’Eglise font de l’unité une mission, une vocation. Irénée de Lyon, à la fin du 2ème siècle, parlait de la symphonie du salut. L’enjeu politique dans et pour l’Eglise est de faire de la multitude des voix une harmonie et non une cacophonie.
Ce que pense l’Eglise n’est pas, contrairement à ce que l’on a pu raconter, ce que dit le chef, Pape, évêque ou prêtre, mais ce que vit le peuple de Dieu dont font aussi partie le Pape, les évêques et les prêtres. Qui s’assiérait sur l’avis des disciples du Christ ne parlerait pas au nom de l’Eglise. Parler au nom de l’Eglise est aussi la mission des baptisés ; cela ne peut être la canonisation de sa propre manière de voir ; il s’agit d’écouter l’Esprit Saint qui agit dans l’ensemble du peuple de Dieu. Bien difficile dès lors de dire ce que pense l’Eglise en dehors de la fidélité au Seigneur. Voilà un critère peu opératoire au moment de choisir un bulletin de vote ! Ce que pense l’Eglise, c’est, habituellement confirmé par les pasteurs mais parfois contre certains, ce qui témoigne de la sollicitude de Jésus envers tous.

2. Y a-t-il un candidat des chrétiens ?
Voter pour un candidat parce qu’il est chrétien, ne relève-t-il pas du communautarisme dont notre culture française se méfie ? Ne doit-on pas rappeler les propos d’Augustin (vers 390) à propos de qui est chrétien et appartient à l’Eglise ? « Beaucoup qui paraissent dehors sont dedans et beaucoup qui paraissent dedans sont dehors. »

3. Y a-t-il un programme chrétien ?
Juger de la conformité à l’évangile d’un programme politique est nécessaire. Force est de constater qu’aucun programme n’exprime l’évangile. C’est impossible, car l’évangile, s’il invite à la transformation de la société selon le modèle du Royaume, n’est pas un programme politique. Jésus a toujours refusé que l’évangile soit lié au pouvoir, parce que l’évangile est service et qu’il se trahirait à prendre le pouvoir, quand bien même la responsabilité de la chose publique, étymologiquement de la république, a toujours été l’objet de la prière des chrétiens.
Selon les évêques de France, il est des propositions politiques contraires à l’évangile, comme ce qui divise, promeut l’exclusion et ne lutte pas contre les inégalités sous quelque prétexte que ce soit par exemple ethnique. Comment revendiquer une identité ou des racines chrétiennes si l’on refuse a priori d’aimer ceux que l’on tient, à tort ou à raison, pour ses ennemis ?

4. Comment décider ?
Plus que les intérêts communautaires, particuliers ou de classe, le bien commun est ce qui doit déterminer notre vote. La recherche du bien commun est le fondement de l’action politique et son critère d’évaluation. Privilégier le bien commun signifie rejeter le clientélisme électorale, les promesses qui favorisent certains, ne serait-ce que pour se les aliéner, aux dépens des autres. La recherche du bien commun, d’aspect si laïc, pourrait bien rejoindre le commandement du Seigneur de s’aimer les uns les autres. Si l’autre, tout autre, est considéré comme un frère, c’est de fait le bien commun que nous promouvons en obéissant au Christ.
Ceux que ces trop brèves réflexions auront fatigués pourront peut-être trouver dans ce verset la norme de leur action : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et le reste vous sera donné par surcroit. » (Mt 6, 33).

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